Police technique et scientifique : devenez un expert des scènes de crime !


Au-delà des séries télé, qui sont les experts de la police technique et scientifique ? Comment devient-on chasseur d’indices sur les scènes de crime ? En France, cette branche de la Police nationale regroupe trois métiers. Enquête !



Une empreinte sur une poignée de porte, un peu de salive sur un mégot de cigarette, une goutte de sang sur la moquette… Vous avez vu maintes fois, dans les séries, les experts  traquer les indices sur les scènes de crime et cela de Miami à Manhattan ou même en France.

Et une petite voix vous dit : "Pourquoi pas moi ?" Dans ce cas, sachez qu’il est tout à fait possible d’intégrer la police scientifique française.

Créée en 1985, La Police technique et scientifique (PTS) participe activement à la recherche et à l’identification des auteurs de meurtres, cambriolages, viols ou encore des actes de terrorisme. Elle collabore aussi à des actions internationales dans le cadre d’Interpol et de l'Union Européenne.

Cinq laboratoire et trois métiers

La PTS dispose de cinq laboratoires, situés à Lille, Lyon, Marseille, Paris et Toulouse ainsi que du laboratoire de toxicologie de la Préfecture de police. Ils sont compétents dans des domaines variés de la balistique à la toxicologie, aux stupéfiants en passant par les technologies numériques !
 
Alors, sur le terrain, la réalité n’aura peut-être pas tous les jours l’attrait de la fiction, mais il s’agit bel et bien d’un univers captivant qui nécessite de nombreuses qualités telles que la réactivité et la rigueur.

Trois métiers sont ouverts aux candidats à trois niveaux de formation différents, du brevet des collèges au diplôme d'ingénieur. Tous nécessitent certains prérequis comme une bonne forme physique ou encore un casier judiciaire vierge.


Agent spécialisé de la Police technique et scientifique (ASPTS)

"Notre travail, explique Mylène, 30 ans, c'est d'aller sur les scènes de crime pour recueillir tous les indices qui peuvent aider l'enquête : des objets, des empreintes, du sang ou d'autres éléments humains dont il faudra analyser l'ADN. Nous les rapportons au laboratoire où ils seront analysés par d'autres."

L'agens spécialisé peut également effectuer des prélèvements papillaires, rédiger des descriptions ou encore participer à des relevés d’empreintes digitales afin d’alimenter le fichier national. Il peut aussi assister des autopsies.
 
Il participe ainsi à la recherche et au stockage des indices et concourt à l’identification des auteurs d’infractions. Si vous cherchez un métier qui a du sens, vous vous prendrez rapidement au jeu. Surtout si vous redoutez la routine, comme le confirme Sébastien, 34 ans, sur le site de la PTS : "On ne sait jamais de quoi sera faite la journée à venir. Les affaires se succèdent et ne se ressemblent jamais : vol à main armée, vol par ruse, trafic de stupéfiants, enquête décès, etc. "

Concours : Pour se présenter au concours, il suffit d'avoir le brevet des collèges. Toutefois, de nombreux candidats ont un niveau supérieur, comme Mylène, diplômée d'une licence de chimie, mais qui ne trouvait pas de boulot !

Le concours comporte une épreuve de pré-admissibilité (QCM de SVT, biologie, chimie etc, niveau 3ème, et une petite dissertation), puis si l'on est retenu un entretien de motivation devant un jury. "Il faut une vraie motivation, dit Mylène. Avoir vu des séries télé ne suffit pas, la police veut écarter le phénomène de mode". Egalement quelques tests psychotechnique.
 
Formation : Les jeunes recrutés par concours suivent dix semaines de stage de formation sur le terrain en plusieurs étapes. "Il y a plusieurs méthodes pour recueillir les empreintes digitales, raconte Mylène. La plus connue est celle de la poudre mais il y en a d'autres pour d'autres supports comme le scotch ou le papier".
Dès le début en tout cas, ils sont affectés à un poste et partent sur le terrain avec des collègues. "On nous montre les erreurs à éviter, comme par exemple celle d'arriver avec un jugement, ou un a priori".

Evolution : Au bout de quatre ans comme agents spécialisés, les agents peuvent postuler aux concours interne de technicien, le deuxième métier de la Police technique et scientifique.
 
Rémunération :
- Agent spécialisé : 1 858 € à 2 170 €
- Agent spécialisé principal : 1 934 € à 2 411 €

Le technicien de la PTS

Les techniciens de la Police technique et scientifique assistent les ingénieurs, qui constituent le troisième corps de métier de la police scientifique. Ensemble, ils travaillent dans différents laboratoires pour analyser scientifiquement les indices rapportés du terrain par les agents.

Oubliez Sherlock Holmes ! Dans les laboratoires de balistique, on étudie les armes, les munitions, les trajectoires ; dans ceux de biologie, on analyse le sang, le sperme, les cheveux en analysant leur ADN, dans ceux de physique-chimie, on se penche  sur les peintures, les résidus de tirs, de terres...

Les techniciens assurent également la formation et l’encadrement d’autres techniciens ainsi que des ASPTS, ce qui implique de développer des compétences managériales. "C’est un métier de terrain qui demande, outre des compétences techniques en PTS, des aptitudes au management, confirme Frédérique, 45 ans, technicienne. Car le technicien de PTS est le chef de son SLPT (Service local de la Police Technique et Scientifique). De ce fait, la gestion du service occupe une place de plus en plus prépondérante".

Accès au métier : Il se faisait sur concours, mais depuis le 1er janvier 2017, et pour une durée de 5 ans, une mesure exceptionnelle réserve uniquement l’accès au grade de technicien de police technique et scientifique aux ASPTS par la voie de l’avancement au choix.
A compter de 2022, le concours sera à nouveau ouvert et ils sera alors accessible aux titulaires du bac et plus seulement aux bac+ 2. Les épreuves du concours vont être repensées. Pour s'y préparer, suivez l’actualité du métier sur la page du site de la police nationale.
 
Le même décret ouvre également l’accès, par concours externe et interne, au grade de technicien principal de police technique et scientifique aux titulaires d’un bac+2.
 
Formation : Une fois admis, le technicien suit une formation exigeante comprenant un tronc commun qui se déroule à l'école nationale de police (ENP) de Nîmes durant 10 semaines. Cette formation est suivie d’une sensibilisation aux fondamentaux de la police technique et d’une formation technique qui permet d'être habilité et formé à la spécificité de son premier poste.
 
Evolution : après 4 ans d'ancienneté, le technicien peut postuler au concours interne d'ingénieur de PTS, mais aussi d'officier ou de commissaire de police.
 
Rémunération :
Technicien : 1 896 € à 2 507 €
Technicien principal : 2 319 € à 2 661 €
Technicien en chef : 2 231 € à 2 843 €

L’ingénieur de la PTS

C’est un peu le chef d’orchestre de la police scientifique ! "L’ingénieur est là pour coordonner l’activité de son groupe, mais aussi pour discuter avec ses collègues des autres sections, à nous de rechercher la meilleure exploitation possible du contenu du scellé", témoigne Sandra, 44 ans, ingénieur principale sur le site de l'INPS.

"Autant dire que la relation humaine représente une part importante de notre travail !, poursuit-elle. Une journée s’organise donc habituellement autour du suivi des dossiers, de leur arrivée dans le laboratoire jusqu’à la rédaction du rapport final et le rendu des résultats auprès du requérant (juge d’instruction ou Officier de police judiciaire )... Certains jours, il est nécessaire de se plonger dans la préparation des "assises" et le fait de présenter le résultat de ses travaux devant une cour d’assises représente toujours une expérience professionnelle forte !"  

Ce responsable assure également des missions plus élémentaires telles qu’assister à des réunions de coordinations de l’ensemble des services, superviser la mise en place des règles de sécurité et d’hygiène etc...
Le profil à avoir ? Plutôt celui d'un expert ! Il faut aimer l'approfondissement technique et scientifique sur des points très précis.

Accès au métier : Il faut avoir un diplôme de niveau I (bac+5) dans des domaines scientifiques précis, il s’agit généralement de doctorats, DESS ou diplômes d’ingénieur.
Il faut alors présenter un dossier complet comprenant notamment ses études et travaux réalisés. Il faut aussi se soumettre à une série de tests psychotechniques.
 
Rémunération :
Ingénieur : 2 241 € à 3 352 €
Ingénieur principal 3 083 € à 4 029 €
Ingénieur en chef 3 683 € à 4 310 €

​La Police Technique et Scientifique en chiffres

A en croire l’évolution de ce secteur de la police, on peut en déduire que c’est un univers plein d’avenir. En effet, ces quelques chiffres montrent à quel point l’usage des nouvelles technologies et des progrès scientifiques font évoluer les méthodes et les moyens à disposition des enquêteurs.

A titre d’exemple, en 2016, 118 200 dossiers «traces» ont été traités par l’Institut national de la Police scientifique, en progression de 12% sur un an. L’activité a donc été multipliée par 2 depuis 2012.  Par ailleurs, 246 200 scellés ont été analysés.

Plus spécifiquement, 88 000 dossiers traités relevant de « traces génétiques » ont été étudiés  (+13% par rapport à 2015), soit 238 200 prélèvements analysés et 105 000 profils déterminés, dont 51 200 transmis au Fichier National Automatisé des Empreintes Génétiques (F.N.A.E.G).

Le bon profil : être réactif, méthodique, disponible

Les qualités à avoir sont réelles.

- Quel que soit le poste visé, il faut absolument être rigoureux et méthodique. La machine judiciaire est intransigeante et une petite erreur de votre part peut mettre en péril toute une enquête.

Les procédures doivent être respectées et appliquées à la lettre dès les premiers pas sur la scène de crime. "Quand on arrive, il faut prendre le temps de se protéger, d'enfiler les chaussures spéciales, la combinaison à usage unique, les gants, puis discuter avec les enquêteurs et faire les prélèvements correctement", raconte Mylène.

- Il faut également être rapide et réactif. Le temps est souvent compté. Qu’il s’agisse d’indices qui peuvent se détériorer avec le temps ou de missions à effectuer dans un délai imparti, pas de place pour ceux qui n’aiment pas être pressé par le temps !
Sandrine confirme : "Une journée dans un laboratoire de police commence souvent par le bilan des analyses effectuées au cours de la nuit, surtout lorsque la section est sur une ‘garde à vue’ et doit rendre des résultats dans un délai bien précis (24h, 48h...) à un collègue OPJ (policier ou gendarme officier de police judiciaire)!

- Il faut également être prêt à donner de son temps et à sacrifier certains aspects de sa vie privée, comme en témoigne Romain, agent spécialisé dans la vidéo de l’Onisep (en tête d'article) : "Il faut faire preuve d’une grande disponibilité au niveau des horaires car nous pouvons être appelés à n’importe quelle heure du jour, de la nuit ou du weekend !"

Le témoignage de Déborah, ASPTS :



...et solide psychologiquement!

Mais au-delà de ces compétences et traits de personnalité, souvenez-vous qu’il ne s’agit pas d’un métier comme les autres.

- Il faut être solide psychologiquement tant certaines enquêtes, missions ou scènes de crime peuvent être marquantes. "On apprend à se concentrer sur le boulot à faire, le côté technique, qui permet de mettre de côté ses émotions", témoigne Mylène. Mieux vaut ne pas être trop sensible à la vue du sang et avoir l'estomac bien acroché.

- Pour Frédérique, ce métier qui peut susciter de nombreuses émotions donne aussi du sens à une carrière :  "Cette profession est aussi un métier de contact car nous rencontrons assez souvent les victimes, parfois désemparées, lors de nos interventions. Travailler en PTS nous confronte aux phases difficiles de la vie : les suicides, les accidents de la circulation, la vieillesse, la mort ; mais quand on exerce cette profession, la grande satisfaction, c’est de se sentir utile."

Même sentiment et même motivation chez Laurent, brigadier chargé du relevé des traces et indices à Versailles, sur le site de la Police nationale : "Personnellement, quand j'interviens sur une scène où les victimes sont des enfants, je sens monter en moi une force très importante. Je me dis alors que je ne quitterai pas l’endroit tant que je n’aurai pas trouvé quelque chose. Mon désir de m’impliquer et de faire le maximum pour faire avancer l'enquête, voilà mon sentiment profond."

- Il faut également être prêt à faire face à la frustration notamment lors de cas difficiles ou non résolus. C’est ce que raconte Deborah dans son témoignage (vidéo ci-contre) : "On a des affaires à la police judiciaire qui n'ont pas abouti, nous y pensons toujours en espérant qu'un nouvel élément resurgisse. C'est une grande frustration de ne pas arriver au bout d'une enquête!"
 
Si vous vous êtes reconnu dans ce portrait, il est peut-être temps de vous inscrire aux concours de la Police Technique et Scientifique !
 
Pour en savoir plus : Recrutement de la Police nationale : 0800 22 0800 (appel gratuit depuis un poste fixe) www.interieur.gouv.fr

Anne-Louise Sautreuil

29 Mars 2017
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